Cette installation fait désormais partie de l’Histoire des Arts numériques et plus particulièrement de l’Histoire des Arts interactifs.
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_arts_interactifs (voir l’année 1995)
Peinture dématérialisée pour une installation interactive utilisant les technologies de Réalité Virtuelle, avec capteurs de position, Centre-Lumière-Bleu est une installation qui permet un voyage interactif et ludique dans les différentes strates d’un tableau interrogeant nos perceptions et notre rapport corporel avec notre environnement selon les actions et les comportements que nous adoptons. Elle se présente sous la forme de projections de nébuleuses abstraites et lumineuses à la fois célestes et aquatiques qui créent un espace que le spectateur peut visiter virtuellement en en détachant les diverses couches, passant du 2D au 3D par ses déplacements. Cette installation interactive offre une destination particulière à l’animation qui peut ici se déployer en quittant le cadre restreint de l’écran pour former un espace multidimensionnel d’exploration dans la mobilité et la durée.
Cette installation interactive est née d’un tableau, peinture acrylique sur toile de 107 cm x 75 cm, peinte en 1990, qui lui a donné son nom, exécuté selon une technique de superposition de lavis transparents, dont l’image a été numérisée puis traitée infographiquement afin de modéliser le processus de sa création. Les différentes strates superposées ont été dépliées pour créer un univers virtuel tridimensionnel dont l’architecture de base est celle de l’hexagramme n°52 « L’immobilité/La montagne ».
Les hexagrammes du Yi-King (livre des Transformations ou traité divinatoire de la tradition chinoise ancestrale), se sont avérés être un modèle intéressant, et particulièrement approprié pour traiter d’un monde mouvant en perpétuel changement selon le point de vue, les comportements que l’on adopte dans les situations dans lesquelles nous nous trouvons. L’Hexagramme n°52, basé sur l’état polaire du repos et du mouvement, sur leur complémentarité et sur leur résonance symbolique, s’est avéré le plus pertinent pour rendre ce que j’avais en vue, c’est-à-dire, les mouvements des choses dans leur transformation, les flux mouvants de l’expérience de la perception dépendante du corps et de sa mobilité. En effet, par la combinatoire des trigrammes en 64 hexagrammes, le Yi-King fournit en quelque sorte l’algèbre vivante correspondant à la géométrie mouvante et cyclique des opérateurs astrologiques. A partir du même schéma structurel défini par un hexagramme avec ses traits fixes et mutables, il y a une infinité de lectures possibles. La structure de l’hexagramme est finie et définie, mais la vie de la structure ne l’est jamais à l’avance car toujours en devenir selon le type des comportements humains adoptés en réponse à la situation présente au départ.
Si la réalité est une suite ininterrompue de transitions qui s’évaluent selon un système différentiel grâce à l’activité sensori-motrice, le choix de l’image de synthèse interactive, dans sa capacité à rendre le mouvement par extrapolation entre un état de l’image et un autre, m’a semblé le plus approprié pour une telle installation, plutôt que l’image cinématographique, par exemple, qui ne restitue la fluidité du mouvement que par un instrument extérieur à l’image : la possibilité physiologique de la persistance rétinienne.
Pour paraphraser Duchamp pour qui la participation du spectateur se décrit dans ce postulat : « C’est le regardeur qui fait le tableau », nous dirons ici que dans cette œuvre, c’est le corps de l’interacteur qui fait ou défait le tableau.
Description du dispositif :
Le public est invité à entrer dans un espace clos d’environ 30 m2 par deux ouvertures situées à droite et à gauche d’un mur blanc sur lequel est accroché le tableau peint Centre-Lumière-Bleu. L’espace de l’installation est sombre : face au public un écran d’environ 2m10 de hauteur sur 2m80 de large, rétro-projette l’image calculée correspondant aux données transmises en temps réél à l’ordinateur par un capteur de position placé sur la tête du spect-« acteur » (sur un casque audio) dès que celui-ci se déplace dans le champ électromagnétique créé par l’antenne du capteur.
Centre-Lumière-Bleu, Installation en Réalité Virtuelle, un PC, un écran de rétroprojection, capteurs de position, dimensions variables.
Sophie Lavaud : conception et réalisation artistique
Ludovic Duchâteau : programmation informatique
Pierre Vallet : programmation informatique
Catherine Marchand : composition sonore
Matériel requis : espace d’installation, un projecteur vidéo, un écran de projection, un PC, capteurs polhémus
Remerciements à Florent et Nils Aziosmanoff, Armand Béhard, Art3000.
Liste des expositions :
En 1998 :
– lors de l’exposition : « Art virtuel, créations interactives et multisensorielles », curator : Franck Popper, Espace Landowski, Boulogne-Billancourt.
– et au « Festival d’Art et Technologie », Bibliothèque de l’UTC (Université de Technologie de Compiègne), Compiègne.
En 1997 à : « Cyber, Cités, Citoyens », Cité des Sciences et de l’Industrie, La Villette, Paris.
En 1996 :
– lors de la manifestation « F.A.U.S.T », Parc des expositions, Toulouse.
– et à « Soft qui peut », curator : Art 3000, Palais des Congrès, Futuroscope, Poitiers.
– « Un Printemps d’artistes, Ars Multimedia », Basilique St. Pierre aux Nonnains de Metz.
En 1995 :
– « UniverSun », Carrousel du Louvre, Paris.
Articles de presse :
- Frank Popper, From Technological to Virtual Art, the MIT Press, Cambridge, Massachussetts, pp. 225 – 230, 2007.
- Catalogue de l‘exposition : Art Jonction, 15th International Contemporary Art Fair, Palais des expositions Nice Acropolis, Nice (France), 2001.
- Sophie Noucher, “ Les nouvelles frontières de l’art ”, Le Nouvel Observateur, du 23 au 29 août 2001.
- J-François Paillard, “ L’art du XXIème siècle sera-t-il virtuel ? ”, New Biz n°7, févr. 2001.
- Catalogue : “ ISEA 2000 – Révélation ”, Village ISEA (lien vers le scan de la couverture)
- Claire Gacongne, « Les femmes et l’art technologique, Sophie Lavaud, les Demeures de l’être », Revue Lunes, n°10, janvier 2000, p.79-83.
- Annick Bureaud, Catalogue de l’exposition « Art virtuel – Créations interactives et multisensorielles », Beaux-Arts Magazine, hors série, 5 déc. 1998 – 9 janv. 1999, pp.16-17.
- Martine Hourcadette, Analyse de l’œuvre interactive de Sophie Lavaud Centre-Lumière-Bleu, mémoire de DEA en Esthétique, université Paris I, 1999.
- Fred Forest, « Sophie Lavaud, De la peinture au virtuel ou l’art du voyage initiatique », Revue Epiphaneia, n° 2, COSTA Mario (dir. par), Minervini editore, 1997, p. 56.
- Myriam Boutoulle, “ L’atelier des chercheurs ”, Le délire multimédia : Télérama hors/série, 1996.
- Pierre Vallet, “ Trois créations de réalité virtuelle ”, L’écriture multimédia: Nov’Art hors/série, 1996.
- Danielle Van Santen, “ Art et technologies, un dialogue inspiré ”, CD-Rama n°13, 1996.
- Philippe Fiammetti, “ M.A.M.A.C : l’image virtuelle entre au musée ”, Nice-Matin, 1°janv. 1996.
- Jeanne Llabres, “ Sophie Lavaud ”, Art Plus n°4, nov.déc. 1996. (lien vers la page Presse)
- Catalogue de l’exposition : “ Art/Cognition ”, Cyprès. Ecole d’art d’Aix en Provence, 1994.
Liste des articles en ligne :
- Sandrine Maurial, « Du solide au fluide dans l’œuvre de Sophie Lavaud », dans « Vers le virtuel…D’un état à l’autre : de la contemplation à l’immersion », revue en ligne Archée, Montréal, Québec, Canada, juin 2004. : http://archee.qc.ca/
Vidéographie :
- 1996 – Centre-Lumière-Bleu n°2, Lucette Mira, F.a.u.s.t 96.
- 1996 – Centre-Lumière-Bleu, C.R.D.P Poitou-Charente.
- 1995 – Créations 95. Réalité virtuelle, Atelier d’Art 3000.